Le Brésil, important consommateur de gaz, a critiqué mardi lors du premier sommet sud-américain de l'énergie la création d'une OPEP du gaz défendue par le Vénézuélien Hugo Chavez.

Pour rappel, lors du récent forum réunissant les principaux producteurs de gaz à Doha au Qatar en début du mois, l'Argentine et la Bolivie avaient annoncé souhaiter adhérer à une organisation de ce type, ce qui constituait tout de même un revirement par rapport à la position initiale de Evo Morales, président de la Bolivie.

I – Le Brésil critique le projet d'une Opep du gaz

"Si l'on veut parvenir à l'intégration, il faut harmoniser les intérêts des producteurs et des consommateurs. Il n'y a pas lieu dans une réunion de ce type de défendre une OPEP du gaz. Si eux (les pays producteurs) le font c'est leur problème", a déclaré le chef de la diplomatie brésilienne Celso Amorim.

Selon le ministre de l'Energie brésilien Silas Rondeau, son pays aurait pris connaissance du projet lors des réunions préparatoires du sommet énergétique qui réunissait mardi dix présidents de la région sur l'île de Margarita, au Venezuela. "Quand ils ont proposé l'OPEP du gaz, j'ai dit qu'en principe je n'étais pas d'accord avec une ségrégation entre producteurs et consommateurs", a ajouté le ministre.

M. Rondeau a indiqué que le sujet devait encore être débattu et approfondi "pour voir si c'est le moment opportun pour créer" une telle organisation. "Si c'était le cas, le Brésil devrait en faire partie ainsi que d'autres pays comme le Pérou", a ajouté le ministre brésilien, en ajoutant avoir aussi l'appui de la Colombie sur ce point.

II – Argentine, Bolivie s'accordent avec le Venezuela sur l'idée d'une Opep du gaz

Avant le forum qui s'est tenu récemment à Doha durant lequel l'idée d'une Opep du gaz a été débattue, l'Argentine, la Bolivie et le Venezuela se sont prononcés en faveur du regroupement des pays exportateurs au sein d'une structure à l'instar de l'OPEP.

"Nos pays (Argentine, Bolivie, Venezuela) ont institué un groupe semblable à l'OPEP (Organisation des pays d'Amérique latine producteurs et exportateurs de gaz), qui est chargé de la politique tarifaire", a indiqué le ministre bolivien de l'Industrie, Carlos Quiroga. Le ministre a annoncé qu'il jugeait nécessaire de créer un "groupe similaire à l'échelle globale".

L'Organisation des pays producteurs et exportateurs de gaz d'Amérique du sud (OPPEGASUR) a été créée formellement en mars par le Venezuela, la Bolivie et l'Argentine. Selon M. Amorim, l'organisation ne sera pas mentionnée dans la déclaration finale du sommet de Margarita.

A la mi-mars, pourtant, Evo Morales s'était déclaré opposé à la création d'une OPEP du gaz basée sur l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Il s'est toutefois déclaré favorable à une organisation de pays producteurs, mais à condition que celle-ci serve des fins humanistes au lieu d'imposer ses points de vue et ses prix aux pays dépourvus de ressources énergétiques.

« Je respecte beaucoup la proposition du président Chavez", avait alors M. Morales, „mais ce type d'organisation ne doit pas exister pour imposer des politiques aux pays non producteurs de gaz", a-t-il estimé, faisant un parallèle avec son propre combat pour que tous les Boliviens aient accès à l'eau potable.

"L'énergie est importante pour la vie des êtres humains. Elle doit servir à résoudre les problèmes non seulement des pays producteurs, mais aussi ceux des pays non producteurs. C'est pour cela que nous avons besoin d'une organisation", a-t-il insisté au cours d'une conférence de presse.

III - Le Venezuela et l'Iran en faveur d'une "Opep du gaz"

Si Hugo Chavez, président du Venezuela avait d'ores et déjà réalisé une tournée parmi les principaux pays membres de l'Opep en vue de la création d'un cartel gazier, le Venezuela et l'Iran ont annoncé début avril, avant la réunion au Qatar qu'ils appuyaient l'idée d'une "Opep du gaz" pour défendre les intérêts des pays exportateurs de gaz naturel. "Nous sommes ici pour soutenir une Opep du gaz. C'est une bonne idée", a déclaré le ministre vénézuélien de l'Energie, Rafael Ramirez. "Ce genre d'organisation se doit d'être préparé", a ajouté M. Ramirez à son arrivée à Doha.

M. Ramirez avait alors minimisé l'opposition de pays occidentaux à la formation d'un nouveau cartel gazier. "Les pays consommateurs sont toujours contre nos intérêts. Nous essayons de défendre nos intérêts", a-t-il dit.

Sources : AFP, Ria Novosti