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Nigéria/pétrole : une installation d'AGIP attaquée - gregory - 06-18-2007 05:01 PM

Un groupe d'hommes armés a attaqué dimanche une installation pétrolière dans l'Etat de Bayelsa au sud du Nigeria. Les combats se poursuivaient dans l'après-midi.

Les installations gardées par des militaires auraient été visées en guise de représailles à la mort mardi dernier de neuf "militants" abattus par l'armée nigériane dans la même zone.

I – Attaque d'une station de pompage AGIP

Des hommes armés ont pris le contrôle dimanche d'une station de pompage de la compagnie pétrolière italienne Agip au Nigeria et retiennent 12 membres de son personnel en otages. Une fusillade, dont le bilan reste inconnu, les a opposés aux militaires affectés à la surveillance de la station d'Ogbainbiri, qui produit d'ordinaire 40 000 barils par jour.

Selon un porte-parole de la Joint Task Force (police-armée) en charge de la sécurité dans cette partie du delta, "les combats faisaient encore rage dans l'après-midi".Selon un porte-parole de la marine interrogé par l'AFP, aucun étranger ne se trouvait sur les lieux au moment de l'attaque.

II – Mort de 9 rebelles dans le delta du Niger

Neuf rebelles ont été tués dans le delta du Niger lors des combats qui les ont opposés pendant deux heures aux soldats du gouvernement, a informé jeudi à Lagos un officier de l'armée cité par un journal local.

Joshua Benemaisia, commandant des volontaires de Bayelsa, instrument gouvernemental de sécurité et de lutte contre les pirates, a confirmé que les combats ont éclaté mardi dans la communauté Ogboinbiri dans la zone gouvernementale locale sud de Ijaw au Nigéria, quand les soldats ont tenté d'intercepter un bateau transportant des armes et des munitions. Deux soldats seraient morts dans les affrontements, selon le journal.

Omale Ochaguwuda, officier chargé des relations publiques du Corps expéditionnaire conjoint, également gouvernemental, a aussi confirmé ces combats près d'une station d'exploitation de pétrole appartenant à ENI International, le géant pétrolier italien, mais il a réfuté le fait qu'il y ait eu des victimes parmi les soldats du gouvernement.

III – Cinq étrangers enlevés

Au moins cinq ressortissants étrangers ont été enlevés entre mercredi et vendredi dans le sud du Nigeria alors que la Haute-Cour fédérale du Nigeria a décidé jeudi de libérer un dirigeant séparatiste de cette région pétrolifère, Mujahid Asari Dokubo. Cinq personnes ont été enlevées lors de trois attaques distinctes dans deux Etats en l'espace de 48 heures, selon le major Omale Ochaguba, porte-parole de la Joint Task Force (JTF), force commune d'intervention chargée de sécuriser le delta du Niger.

Selon le major Ochaguba, un Indien a été enlevé vendredi matin dans l'Etat du Delta et un ressortissant polonais a été enlevé jeudi dans l'Etat voisin de Bayelsa où trois Chinois avaient été enlevés la veille. Plusieurs hommes soupçonnés de l'enlèvement du ressortissant indien ont été arrêtés mais le sort de la victime est inconnu, a ajouté le major.

Dans le même temps, le groupe qui a enlevé le 1er juin quatre salariés expatriés du groupe de services pétroliers franco-américain Schlumberger s'est félicité de la libération ordonnée la veille de Mujahid Asari Dokubo, estimant que cela allait accélérer la libération de ces otages.

IV – Réaction à la libération du leader du MEND

Parallèlement, le Mouvement pour l'Emancipation du Delta du Niger (MEND) a annoncé dans un message électronique adressé dimanche à la PANA, que, contrairement à l'opinion général, la remise en liberté du leader séparatiste, Mujahid Asari-dokubo, ne constituait pas une garantie pour le retour d'une paix durable dans la cette région riche en pétrole. "Il s'agit d'un développement positif, qui a peut-être permis au gouvernement nigérian et aux compagnies pétrolières de disposer d'un nouveau répit, (mais il est) insuffisant pour mettre un terme à l'agitation dans le Delta du Niger", a révélé le groupe. "Le gouvernement doit agir rapidement pour trouver une solution au problème du contrôle des ressources, qui est à l'origine de l'agitation dans le Delta du Niger", a-t-il indiqué.

M Asari-Dokubo, qui est à la tête de la Force des volontaires du Peuple du Delta du Niger, a bénéficié d'une décision de remise en liberté provisoire pour des raisons médicales après plusieurs mois de détention. Il avait été arrêté en 2005 et avait ensuite été inculpé pour trahison. En ordonnant "pour raisons de santé" la libération du militant de 43 ans, le juge Peter Olayiwola a précisé qu'il y aura malgré tout un procès, mais il n'a donné aucune date, indiquant seulement qu'il aura lieu quand M. Dokubo sera "pleinement rétabli".

Le chef de milice, qui a eu droit à un accueil très chaleureux samedi, à son retour dans la ville pétrolière de Port-Harcourt, a promis de poursuivre la lutte afin de faire de telle sorte que cette région pauvre prenne le contrôle de ses ressources.

V – Pertes importantes pour le pétrole

Depuis le début 2006, date à laquelle les vagues d'enlèvements se sont intensifiées dans la région, près de 190 étrangers - employés dans l'industrie pétrolière pour la plupart - ont été capturés par des groupes de combattants réclamant notamment une meilleure répartition des revenus pétrolier ou des bandes criminelles. La plupart ont été libérés après quelques jours ou quelques semaines, souvent contre rançon.

En dehors des pertes en vie humaine, ces troubles et sabotages ont fait perdre en 2006 au Nigeria, sixième exportateur mondial, un quart de sa production quotidienne soit une perte d'environ 4,4 milliards de dollars.

Source : AFP, PANA presse, JDD