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Inde : le boom de l'économie crée une pénurie d'électricité - gregory - 06-18-2007 05:00 PM

Comme quoi le trop peut parfois être l'ennemi du bien. Le boom de l'économie indienne, laquelle tourne à plein régime crée une véritable pénurie de capacités électriques, obligeant particuliers et entreprises à s'équiper de générateurs pour produire leur propre courant.

Alors que les habitants de New Delhi suffoquent sous des chaleurs proches de 45 degrés, les climatiseurs, ventilateurs ou réfrigérateurs lancés à pleine capacité, ne chôment pas eux non plus, provoquant des coupures de courant. Voilà qui ne devrait pas non plus arranger notre pauvre planète ..

A l'exception de résidences officielles et diplomatiques préservées, les 14 millions d'habitants de la capitale sont victimes de pénuries d'électricité, souvent plusieurs heures par jour. Les coupures électriques en Inde ne sont pas une nouveauté, mais la situation a empiré avec le 'miracle' économique. Le géant asiatique a vu son Produit intérieur brut croître de 9,4% sur un an en 2006/2007, un chiffre record, après un taux moyen de 8% ces cinq dernières années. Avec toujours plus d'immeubles de bureaux et d'habitations, la demande d'électricité dépasse parfois de 14% ce que le réseau national peut fournir, d'après le gouvernement. Et dans les campagnes où vivent les deux-tiers des 1,1 milliard d'Indiens, seuls 44% des foyers sont raccordés au réseau électrique.

Or, revers de la médaille, la croissance économique de l’Inde est largement dépendante de sa capacité à fournir l’électricité nécessaire en vue d’accroitre la production industrielle à travers le pays. En dépit d’un développement considérable du secteur de l’électricité en terme de capacité (la génération ainsi que la consommation annuelle ont presque doublé depuis 1990) aussi bien qu’en terme de sophistication technique, l’Inde souffre toujours d’une pénurie d’approvisionnement. Actuellement, le pays fait face à une pénurie d’électricité de l’ordre de 8%, pouvant atteindre 12,5% en période de consommation maximale. Par ailleurs, la consommation d’électricité par tête est beaucoup plus faible que les standards internationaux et les prix pratiqués sont parmi les plus élevés alors que l’Inde est le sixième producteur mondial d’électricité.

Il n'y a tout simplement pas assez d'électricité, résume pour sa part Shubhra Puri, du magazine 'Power Line'. L'Inde n'a que 600 kilowattheures par habitant, moitié moins que... l'Irak, d'après M. Puri. "Nous sommes tellement privés de courant que même en jonglant avec la gestion du réseau, il y aura des coupures", estime-t-il.

La distribution électrique est mal gérée et il n'y a pas eu assez de centrales construites ces vingt dernières années, relèvent des experts. De plus, le vol d'électricité est un sport national. A New Delhi, il est fréquent de se brancher sur le compteur de son voisin. Du coup, sociétés et particuliers s'équipent de générateurs au gazole. Les ventes de ces machines bruyantes et polluantes devraient bondir de 20% cet été, prédit l'association du patronat indien, Assocham. Pauvre planète ... La totalité des générateurs en Inde crachent 25.000 mégawatts (MW), soit 20% de ce que fournit le réseau national d'électricité, selon le ministère de l'Energie.

Les entreprises qui s'implantent autour de New Delhi installent des générateurs pour être alimentées 24h/24h. Même chose dans les immeubles qui fleurissent comme des petits pains. Dans l'est huppé de New Delhi, des diplomates indiens à la retraite ont même adossé à leur luxueux complexe résidentiel, bâti il y a 20 ans, des générateurs au diesel.

Le ministère de l'Energie promet un accès à l'électricité pour chaque foyer d'ici à 2012 et la production, à cette date, de 212.000 MW. C'est-à-dire l'ajout de 80.000 MW en cinq ans alors que l'Inde ne s'est dotée que de 20.000 MW de plus au cours des cinq dernières années. "Le secteur de l'électricité n'est pas très prometteur", s'est inquiété en mai le Premier ministre Manmohan Singh, craignant qu'avec trop peu de courant, l'Inde ne maintienne pas son rythme de croissance.

La production électrique provient actuellement à près de 66% de centrales thermiques (55% charbon et 10% gaz, et 1% diesel), 26% de centrales hydrauliques, 5% d’énergies renouvelables et 3% d’énergie nucléaire. La diversification du mix énergétique est l’un des principaux objectifs de la politique énergétique indienne. Le charbon devrait rester la principale ressource de par son faible coût mais l’hydroélectricité, le gaz naturel et le nucléaire sont des réponses prioritaires envisagées par le gouvernement pour faire face à la demande.

Fait révélateur, le groupe indien Reliance compte ainsi investir 12,5 Mds € dans différents projets énergétiques dont une centrale thermique d’une capacité de 12 GW (8,5 Mds EUR) qui sera la plus grande centrale thermique mondiale au charbon. D’autres entreprises privées ont également annoncé des investissements significatifs dans ce secteur comme TATA, GVK, GMR, ESSAR (charbon et gaz) ou Jaiprakash (hydro).

Depuis 1948, les State Electricity Boards (SEB) ont été l’élément central du système électrique indien. Ce sont des établissements publics qui relèvent de la tutelle des Etats fédérés qui contrôlent leurs opérations. Les SEB sont impliqués dans tous les aspects de l’exploitation de l’électricité, de la production à la distribution en passant par la transmission. L’assainissement financier des SEB est une véritable nécessité pour le développement du système électrique indien car ils détiennent encore 65% de l’électricité produite et 90% de l’électricité distribuée.

Mais, les State Electricity Boards sont aujourd’hui tous en faillite virtuelle. Les gouvernements locaux ont tendance tout d'abord à les utiliser à des fins politiques en offrant l’électricité gratuite aux populations les plus défavorisées. Vol et piratage en tous genres sont si importants que les pertes commerciales sur certains réseaux de distribution atteignent jusqu’à 25 % de l’électricité distribuée. La possibilité accordée aux industriels dans les années 90 de se doter de centrales captives pour satisfaire leurs propres besoins (sidérurgie, pétrochimie, engrais) entraînent également une perte de clients solvables.

Fort heureusement pour Alstom, l'Inde et la planète, le groupe Alstom vient de remporter une commande d’environ 175 millions d’euros auprès du producteur indien Gujarat State Electricity Corporation (GSECL) pour la construction d’une centrale à cycle combiné sur technologie GT26. D’une puissance de 370 MW, cette centrale est une extension de la centrale existante d’Utran dans l’Etat du Gujarat. Il s’agit de la première commande de centrale à gaz de technologie GT26 remportée par Alstom en Inde.

Après sa mise en service prévue au cours de l’été 2009, cette centrale va permettre d’augmenter de 10% la capacité de production de GSECL. Selon Philippe Joubert, Président d’Alstom Power Systems, l'excellent rendement en cycle combiné du projet signifie plus d’électricité pour la même quantité de combustible, donc moins d’émission de gaz carbonique » .

Velcan Energy, producteur indépendant d'électricité à partir de sources d'énergie renouvelable, a annoncé quant à lui le 31 mai dernier la signature de deux concessions hydro-électriques significatives en Inde, représentant un total de 50 MW.
Le projet Baitarani est composé de deux barrages, Bhimkund (25 MW) et Tarini (25 MW) distants de moins de cinq kilomètres sur le même fleuve dans l'Etat de l'Orissa, à 130 kilomètres de Bhubaneswar, la capitale de l'Etat. Ce projet doit maintenant obtenir l'ensemble des autorisations environnementales et administratives pour pouvoir démarrer sa construction qui devrait durer approximativement deux ans, a indiqué le Groupe.
Velcan annonce un début de construction au deuxième trimestre 2009 et une mise en production au quatrième trimestre 2011. Le projet vise une production électrique de 200.000 MWh/an. Le nouvel objectif en Inde de Velcan Energy est d'avoir 1.000 MW de concessions hydro-électriques dans ce pays, a ajouté Antoine Decitre.

Sources : AFP, Actu environnement, Ambassade de France en Inde