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Pétrole : menace terroriste dans le détroit de Malacca - gregory - 06-13-2007 09:19 AM

Le chef de la police malaisienne Musa Hassan a fait état mardi d'une "menace réelle et plausible" d'actes de terrorisme dans le détroit de Malacca.

Pour rappel, cet axe est un point on ne peut plus stratégique du commerce international, puisqu'y transite 30% du transport maritime mondial. Ce long couloir qui s'étend sur 800 km le long des frontières de Singapour, de la Malaisie et de l'Indonésie est régulièrement le théâtre d'attaques de pirates.

"L'autre menace réelle et possible qui couve dans le détroit est le terrorisme maritime", a mis en garde Musa Hassan lors d'un séminaire consacré au problème de la sécurité dans l'industrie maritime.

"Si des terroristes prenaient le contrôle d'un navire transportant du gaz de pétrole liquéfiés pour une mission suicide dams le détroit, cela porterait un coup dévastateur à l'économie du Sud-Est asiatique et au commerce", a estimé M. Hassan.

Le trafic a explosé au fil des ans dans ce détroit, l'une des principales voies de passage entre l'océan Indien et l'océan Pacifique. Quelque 62.000 navires l'ont emprunté en 2005 soit une hausse de 42% par rapport à 1999. La moité des pétroliers de la planète y transitent également. Le détroit a ainsi pris une importance stratégique de premier ordre, en étant la principale route d'approvisionnement en pétrole de deux des principaux consommateurs mondiaux, le Japon et la Chine. Les plus grands ports sont Melaka (Malaisie) et Singapour. "Une menace sur l'approvisionnement de pétrole constituerait une menace directe à la sécurité nationale pour des pays très dépendants, en particulier le Japon et la Corée du Sud", a ajouté sur ce point le chef de la police.

En effet, le détroit de Malacca est une artère vitale pour le Japon, tant pour son approvisionnement en matières premières que pour ses exportations vers l'Europe de produits manufacturés. Par lui transitent près de 41% des importations totales de l'archipel nippon et notamment 80% de son pétrole, en provenance du golfe arabo-persique. C'est donc dans cet espace mal protégé, où naviguent chaque jour des centaines de navires, que la piraterie s'est largement développée. On estime que cette mer est l'une des plus infestée du monde.

Ce long couloir maritime du sud-est de l'Asie situé entre la péninsule malaise et l'île indonésienne de Sumatra, relie la mer d'Andaman, mer bordière de l'océan Indien, à la mer de Chine méridionale, au sud. Le détroit s'étend du sud-est vers le nord-ouest et est d'une largeur comprise entre 50 km et 320 km. Il ne fait que 2,8 km de large dans son point le plus étroit, le détroit de Philips dans le détroit de Singapour. Plusieurs îles se trouvent dans sa partie méridionale.

Le passage a été classé quatrième au monde en ce qui concerne les actes de piraterie, selon les statistiques du Bureau maritime international (IMB), basé à Londres. Plus de 11 millions de barils y ont transité en 2003, soit 1 700 000 m³, et ce trafic est en constante augmentation, suivant la croissance économique chinoise.

L'importance des volumes transportés et l'étroitesse du détroit en ont fait une zone privilégiée pour la piraterie et une cible potentielle du terrorisme. La piraterie est devenue un problème majeur depuis une décennie, le nombre d'attaques passant de 25 en 1994 à 220 en 2000, avant de redescendre à 150 en 2003, soit le tiers de la piraterie mondiale. Les marines malaisienne, indonésienne et singapourienne ont augmenté leurs patrouilles à partir de juillet 2004.

Un attentat terroriste pourrait, en coulant un gros navire dans les hauts-fonds (seulement 25 m de profondeur au point le moins profond), boucher effectivement le trafic. Un tel attentat aurait des conséquences importantes sur le commerce mondial.

En septembre 2005, l'Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande et Singapour ont décidé de renforcer la sécurité dans le détroit de Malacca. Après des années de négociations, cette zone sensible fait enfin l'objet d'une coopération entre les différenrs états en matière de surveillance aérienne. Les avions de patrouille maritime voleront avec un responsable de chaque pays à bord, ce qui leur permettra de pénétrer dans tous les espaces aériens nationaux. Cette mesure viendra renforcer l'accord déjà existant sur les patrouilles maritimes signé entre Singapour, l'Indonésie et la Malaisie.

L'accord permettra aussi de répondre, en partie, aux pressions exerces par Tokyo et Washington dont les flottes de commerce transitent largement par le détroit de Malacca et sont donc exposées à des attaques. Les gardes côtes japonais avaient proposé d'envoyer des vedettes assurer la surveillance dans le secteur alors que les Etats-Unis avaient évoqué en 2004 le déploiement d'une force internationale. Ces propositions avaient provoqué une levée de bouclier de l'Indonésie et de la Malaisie qui jugent ces mesures semblables à de l'ingérence.

Tous deux revendiquent en effet des eaux territoriales sur 12 milles, alors que le détroit n'en fait que 20. Le 16 novembre 1971, les deux gouvernements avaient déclaré conjointement que le détroit de Malacca n'était pas un détroit international tout en autorisant son franchissement par des navires étrangers en vertu du principe de "passage innocent". En 1982 et la Convention de Montego Bay la Malaisie et l'Indonésie ont été finalement contraints d'adopter le régime du "passage en transit" et de respecter le libre passage des navires sur une voie navigable internationale.

La Thaïlande a élaboré plusieurs plans afin de réduire l'importance économique du détroit de Malacca. Il a ainsi proposé plusieurs projets de canal à travers l'isthme de Kra, épargnant ainsi 600 miles de navigation entre l'Afrique ou le Moyen-Orient et le Pacifique. Toutefois, ce canal couperait la Thaïlande en deux, en isolant les provinces du sud, notamment Narathiwat, Pattani et Yala à la minorité musulmane, du reste du pays. En outre, son coût prohibitif laisse penser que ce canal ne verra pas le jour avant longtemps, malgré les désirs des hommes politiques thaïlandais.

Un autre moyen de contourner le détroit serait de construire un oléoduc à travers l'isthme, ce qui permettrait de transporter le pétrole vers des navires attendant de l'autre côté, pour un coût de 50 cents le baril. Ce projet d'oléoduc est concurrencé par un autre projet à travers la Birmanie, ou directement par le Xinjiang (en Chine continentale), dont la construction a commencé en octobre 2004.

En dehors de ces projets de canal et d'oléoduc, il existe deux routes maritimes alternatives: par le détroit de la Sonde et par le détroit de Lombok et le détroit de Makassar. Ces deux routes sont également exposées à la piraterie et au terrorisme. De plus, le détroit de la Sonde est trop peu profond pour permettre le passage de certains navires.

Le détroit nécessite également un travail de dragage continu en certains points où la profondeur est à peine suffisante pour permettre la navigation de vaisseaux de plus de 100 000 tonnes. Trois pays sont adjacents au détroit - en l’occurrence la Malaisie, l’Indonésie et Singapour - ce qui a tendance à rendre difficile l’atteinte d’un accord sur le partage des frais de dragage.

Sources : AFP, Mer et Marine, Wikipedia