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Full Version: Le chinois Huawei va concurrencer Alcatel à Lannion
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Oui, vous avez bien lu ! pas froid aux yeux ces chinois ! encore que … ils ne font qu'obéir à la "dure" loi du marché : l’équipementier Huawei, chinois va s'implanter à Lannion, berceau du CNET (Centre de Recherche et développement de France Telecom), et ce, alors qu’Alcatel doit faire face actuellement à de graves problèmes sociaux liés à des suppressions d’emploi ...notamment à Lannion. Ca devrait faire du bruit dans Landerneau.

Ironie du sort ou fatalité économique ? Alcatel pourrait bien délocaliser … en Chine.

I – Huawei s’installe à Lannion

Le géant chinois des équipements télécoms, Huawei, a décidé d'installer un centre d'une vingtaine d'ingénieurs à Lannion (Côtes d'Armor), où Alcatel-Lucent doit supprimer 217 emplois. L'implantation de Huawei à Lannion a démarré début mars avec l'arrivée de quelques ingénieurs chinois, selon des sources locales.

"Il y a des évolutions dans les implantations des équipementiers télécoms. Notre rôle est de faire en sorte que ces implantations se fassent" à Lannion, s'est justifié Joël Lejeune, vice-président de la communauté d'agglomération de Lannion. Il a cependant reconnu partager l'inquiétude des syndicats sur la capacité d'Huawei à casser les prix, avec des produits conçus en Asie, et à renforcer les difficultés des groupes européens.

Selon lui, il y a "un vrai problème de politique industrielle: comment la France et l'Europe protège son industrie? Mais ce n'est pas la communauté d'agglomération qui peut infléchir les choses".

L'annonce inquiète les syndicats d'Alcatel-Lucent, qui dénoncent la concurrence, déloyale selon eux, des équipementiers de pays à bas coûts, actuellement en plein essor. "Cette annonce est la cerise sur le gâteau. Il s'agit d'un concurrent direct", déplore ainsi Marc Marandon, représentant CGT d'Alcatel-Lucent à Lannion. Selon lui, le groupe chinois serait intéressé par la présence à Lannion d'un centre de validation de France Télécom pour autoriser la vente de produits sur le marché français.

II… et prévoit de s'implanter en France

Dans un communiqué publié lundi, Huawei "prévoit d'au moins tripler ses effectifs (en France) sur les prochaines années pour atteindre environ 500 personnes", avec notamment "l'ouverture de deux structures R & D. Le groupe précise qu'il compte déjà "environ 150 collaborateurs" en France, où il est implanté depuis 2003.

Dédié à l’amélioration de ses solutions fixes haut débit, le premier centre sera basé à Lannion, le second destiné aux recherches 3G, FMC et tout IP sera implanté à Paris.

« La France n’est pas seulement un des marchés télécoms les plus concurrentiels du monde. Elle est aussi un des marchés les plus innovants et produit de nombreux experts. Ces pour ces raisons que Huawei France a connu une croissance importante en quatre ans. Avec l’ouverture de ces deux centres, Huawei réaffirme son engagement à long terme auprès des opérateurs avec lesquels il a construit un partenariat solide et durable » commente Patrick Wen, directeur général de Huawei France.

Présent en France depuis 2000, Huawei fournit de nombreux opérateurs en équipements : Completel, France Telecom, Free, Neuf Cegetel ou encore SFR.

Le groupe né à Shenzen près de Hong Kong avait enregistré une croissance de 36% des ventes au premier semestre 2006 sur le marché international -lequel représente désormais 65% de son chiffre d’affaires. Sur six mois son chiffre d'affaires total avait atteint 5,2 milliards, en hausse de 29%.

Avec la même progression, il prévoit pour l'année 2006 un chiffre d’affaires de 11 milliards de dollars.

Avec des "produits déployés dans plus de 100 pays" et "plus d'un milliard d'utilisateurs", Huawei, implanté en Europe depuis 2000, se définit comme "l'un des premiers fournisseurs mondiaux de réseaux de nouvelle génération pour les opérateurs télécoms".

III – Alcatel supprime des postes à Rennes et Lannion

Après la fusion, en décembre 2006, des deux groupes Alcatel et Lucent, le plan du nouveau géant du secteur prévoit 1 468 licenciements en France avant la fin 2008. Ce qui représente 12% de l'effectif français.

La moitié concerne les unités d’Ile-de-France. La Loire-Atlantique et la Bretagne sont particulièrement affectées avec 450 emplois amenés à disparaître avec la fermeture de trois sites (Orvault, près de Nantes, ainsi que Saint-Grégoire et Cesson-Sévigné, en périphérie rennaises.)

A Lannion, ce sont 217 postes sur environ 1100 qui vont disparaître. Les trois sites de Orvault, Saint-Grégoire et Cesson-Sévigné emploient, eux, respectivement 600, 150 et 50 salariés. Ces deux derniers vont fermer purement et simplement, à la grande surprise tant du personnel que des syndicats. Un immeuble était d'ailleurs en construction pour regrouper tous les salariés rennais sur le même site.

Pour l'agglomération de Rennes, il s'agit d'un nouveau coup dur après la délocalisation de STMicroélectronics et la fermeture du centre Mitsubishi de Cesson-Sévigné. Ne pas oublier également que Lannion a du faire face à l'engouement provoqué par la bulle Internet qui s'est rapidement dégonflée laissant tout de même maints salariés alléchés par des offres mirobolantes s'endetter pour voitures, appartements ..

La montée des "nouveaux acteurs émergents" et la forte pression sur les prix sont parmi les argumentés invoqués par la direction d'Alcatel-Lucent pour justifier son plan d'économie annoncé le 9 février de 12.500 suppressions de postes dans le monde.

IV – Alcatel : délocalisation en Chine ?

Dure loi du marché, Alcatel pourrait bien délocaliser .. en Chine …En effet, passé le premier choc, certains salariés font tout de même font remarquer que la fermeture pourrait cacher en réalité une délocalisation car l'entreprise investit depuis un certain temps dans la formation de techniciens et ingénieurs chinois. Sur les deux sites de Rennes (près de 200 salariés) dont la fermeture a été annoncée dans la cadre de la restructuration, plusieurs salariés ont dénoncé les délocalisations, racontant avec amertume comment ils avaient préparé le terrain en formant notamment des Chinois.

En février 2006, les représentants du personnel CFDT du site d'Illkirch en Alsace, notait d'ores et déjà que la "politique de délocalisations voulue par la direction" nécessitait des transferts de connaissance avec les pays "low cost", imposant une collaboration entre les salariés qui maîtrisent la technologie et ceux qui doivent l’acquérir.

“De ce fait de nombreux salariés étrangers sont amenés à se déplacer sur notre établissement”, notaient les représentants locaux du syndicat. “Depuis 18 mois la CFDT se bat pour qu’ils soient payés comme des salariés français lors de leur séjour en France”, indiquaient-ils.

La CFDT a même rédigé un tract en anglais pour informer les collègues étrangers de leurs droits. Sans véritable surprise, ils auraient constaté que nombre d’entre eux n’avaient pas connaissance de ces règles et de la rémunération qui leur est due pendant leur séjour en France. La direction générale d’Alcatel-Cit s’est engagée à la suite à faire signer une convention tripartite (filiale étrangère, salarié, Alcatel-Cit) explicitant les conditions de rémunération pendant le déplacement en France.

Le syndicat avait alors informé la Direction du Travail qui s’était engagé à examiner dorénavant de beaucoup plus près les demandes reçues. "L’arrivée prochaine de chinois et d’indiens sur le site permettra de vérifier si ces règles de CIT sont appliquées ici" …précisait ainsi en février 2006 la CFDT.

Sources : AFP, Silicon, Breizhoo, Usine Nouvelle, CFDT
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